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mercredi 9 novembre 2016

Utopie ou réalité





REVENU UNIVERSEL



Revenu de base, allocation universelle, revenu 
d’existence, revenu citoyen…
Les appellations divergent mais l’idée est la 
même : verser à tout citoyen d’un pays donné, 
sans aucune condition, une somme mensuelle 
fixe.

Le Mouvement français pour le revenu de base  
le définit comme «un droit inaliénable, 
inconditionnel», versé «de la naissance à la 
mort», de manière individuelle, 
indépendamment de la situation familiale et 
financière du bénéficiaire et «cumulable avec 
d’autres revenus».

Fixé à environ 700 ou 800 euros dans la plupart 
des projets, ce revenu pourrait s’ajouter à 
certaines allocations (par exemple l’aide au 
logement) ou les remplacer.

Le dispositif aurait pour effet, selon ses 
défenseurs, d’éliminer la grande pauvreté en 
versant aux citoyens de quoi subvenir à leurs 
besoins vitaux (logement, santé, alimentation).

Chaque individu aurait la possibilité de 
travailler ou non, et pourrait occuper son 
temps 
comme il l’entend, en se consacrant à une ONG, 
une association, à une activité culturelle ou 
encore à sa famille.



Qui défend le revenu universel ?

L’idée, qui date du XVIIIe siècle, est reprise par de nombreux chercheurs et des courants de pensée très divers, des anarchistes aux écologistes en passant par les libertariens ou les ultralibéraux. 
Elle est portée par des personnalités de gauche, comme Le socialiste B Hamond ,Melancho, du FG, Nouvelle Donne qui en a font des sujets de sa campagne pour la primaire, et de droite La repuplicaine NKM, député qui défend une allocation de «800 à 1 000 euros»).
Si la question dépasse le clivage gauche-droite, ses partisans défendent des visions différentes.
Pour les libéraux, l’objectif du revenu universel est de rationaliser le système d’aide social, en remplaçant l’ensemble des prestations sociales existantes.
Dans cette version, élaborée à l’origine par l’économiste Milton Friedman, le revenu de base doit rester faible, volontairement insuffisant.
Couplé avec une suppression du salaire minimum et des prestations sociales, il est destiné à éliminer la grande misère, mais aussi à flexibiliser le marché du travail et à réformer un Etat-providence jugé inefficace. 
Pour les partisans d’une vision «émancipatrice» du revenu universel, pas question en revanche de remettre en question la protection sociale.
L’allocation est vue comme un outil donnant aux individus les moyens de se prendre en charge, et incitant au développement d’activités non-marchandes, associatives, culturelles, citoyennes.
C’est cette vision qui est défendue notamment par le Mouvement français pour un revenu de base.
Le sociologue et économiste Bernard Friot incarne de son côté une troisième voie, plus radicale et pensée comme une alternative au capitalisme, celle du «salaire à vie».
Les richesses seraient mutualisées dans une caisse dédiée, chargée de redistribuer un salaire à tous les citoyens dès 18 ans en fonction de leur qualification, en se fondant sur l’idée que toute activité est créatrice de richesse.

Quel en serait le coût ?

Le coût irait d’un peu moins de 200 milliards d’euros par an pour un montant autour de 500 euros mensuels à près de 400 milliards (soit un cinquième du PIB annuel de la France) pour 1 000 euros, d’après l’AFP.
Le sénateur EE-LV Jean Desessard, auteur d’une proposition de résolution pour l’instauration du revenu de base rejetée en mai, estime lui que le coût se situerait autour de 400 milliards d’euros par an pour un montant équivalent au RSA actuel, soit 525 euros. Pour la Fondation Jean Jaurès, un revenu de base de 500 euros par mois coûterait 336 milliards d’euros à l’Etat (504 milliards pour 750 euros par mois et 675 milliards pour 1 000 euros).
Pour financer ce coût, les partisans de l’approche libérale défendent une suppression des aides sociales et une refonte de l’impôt sur le revenu, qui il ne serait plus progressif mais proportionnel dès le premier euro (fixé, par exemple, à 25% des revenus) et prélevé à la source. Le solde entre le revenu de base perçu par chaque individu et l’impôt sur le revenu payé par chaque individu serait positif pour les plus aisés et négatif pour les plus bas revenus. Ce qui reviendrait à comptabiliser le revenu de base comme un crédit d’impôt.
L’approche «émancipatrice» envisage, elle, un financement via une hausse de l’impôt sur le revenu pour les plus hauts salaires, de nouvelles taxes sur le patrimoine ou sur les transactions financières, une meilleure taxation des profits des multinationales, voire la création monétaire.



Le revenu universel a-t-il déjà été testé ?

Il est actuellement expérimenté sous une forme (très) alternative en Alaska. L’Etat américain reverse chaque année depuis 1982 les revenus du pétrole et du gaz à ses résidents installés depuis plus de 5 ans. En 2015, ce revenu, nommé l’Alaska Permanent Fund, s’élevait à un peu plus de 2 000 dollars par personne et par an (environ 1 800 euros). Ce «dividende » citoyen fait débat, une partie de la classe politique proposant de réduire son montant afin de combler le déficit budgétaire de l'Etat, lié à la baisse du prix du baril.
Le Brésil a inscrit le revenu universel dans sa Constitution en 2004, comme un idéal à atteindre. Entre 2008 et 2014, une allocation, conditionnée à la scolarisation des enfants, a été versée aux familles les plus pauvres. Ce programme, intitulé Bolsa Familia, a permis d’améliorer le taux de scolarisation et de sortir de la pauvreté un très grand nombre de foyers.
A partir du 1er janvier 2017, la Finlande va également faire une expérimentation visant à simplifier son système d’aide sociale : pendant deux ans, 2 000 chômeurs de 25 à 58 ans toucheront 560 euros par mois au lieu des différentes prestations auxquelles ils avaient droit.
En Allemagne, seize citoyens tirés au sort perçoivent un revenu de 1 000 euros pendant un an, financé via une plateforme de crowdfunding. Les Suisses, en revanche, ont rejeté à près de 76% lors d’un référendum organisé en juin dernier un projet de revenu de base à 2 000 euros.

Que lui reprochent ses détracteurs ?

Utopique et coûteux, le dispositif, pour ses opposants, encouragerait l’oisiveté, généraliserait l’assistance et mépriserait la valeur travail.
Certains craignent aussi qu’il se transforme, dans sa version libérale, en instrument d’exploitation : d’un montant trop faible pour se passer de travailler, il offrirait au capitalisme une «armée de réserve» où puiser des travailleurs partiellement rémunérés par un faible revenu d’existence, soulève le sociologue Robert Castel.
D’autres redoutent aussi que le dispositif renvoie les femmes au foyer.
L’expérimentation d’un impôt négatif, sorte de revenu de base allégé, aux Etats-Unis dans les années 1970, a en effet entraîné une baisse du temps de travail supérieure chez les femmes, note Terra Eco. Barbara Garbarczyk, qui milite pour l’instauration d’un revenu de base en Belgique, estime que malgré cet écart, ce dispositif «va dans le sens de l’émancipation des femmes» : un revenu de base, puisqu'’il est versé à chaque individu et non à chaque ménage, renforcerait l’autonomie et l’indépendance économique des femmes, particulièrement touchées par la précarité.

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