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mercredi 20 juillet 2016

La dérive sécuritaire.....




    Le fantasme de la sécurité

     à tout prix 
     

L’inquiétude de la population, la réponse à la menace, le contexte électoral : tout pousse les politiques à céder au tout-sécuritaire. Avec quels risques pour les libertés ?

 

Dans quelle société voulons-nous vivre demain ?

Une société sous état d’urgence permanent, ultrasécurisée, barrée de murs, miradors et gardes armés ?
Une société où libertés individuelles et principes démocratiques seront sacrifiés au profit d’une surveillance de chaque instant, où les réseaux sociaux seront bridés voire mis sous cloche ?
On mesure, ces derniers jours, à quel point la peur, l’impuissance et la fébrilité peuvent altérer le bon sens et la raison.
Les politiques ne doivent pourtant pas considérer que répondre à la peur revient à traiter la menace.
«L’opinion est chauffée à blanc par la tuerie de Nice mais c’est le rôle du politique de transformer le désir de vengeance en désir de justice, nous explique le philosophe Michaël Fœssel .
Fonder un discours politique sur le désir de vengeance nous amène à une impasse car le propre de la vengeance c’est qu’elle est sans fin, elle appelle une contre-vengeance.»

Pas si simple

On voit bien cette tentation menacer un peu partout dans le monde, à commencer par les Etats-Unis, où Donald Trump fonde sa campagne sur le tout-sécuritaire et la stigmatisation de l’«étranger», les musulmans au premier chef. On le voit aussi en Europe de l’Est, où des murs se bâtissent pour bloquer les réfugiés fuyant les guerres du Moyen-Orient. On le voit en France, où l’état d’urgence devait être prolongé par les députés une quatrième fois mardi dans la nuit, perspective inconcevable il y a à peine deux ans !
La dernière loi en matière de lutte antiterroriste confirmait déjà un virage sécuritaire du gouvernement avec des moyens d’enquête accrus et une législation renforcée. Aller plus loin est certes toujours possible, et certains ne manquent pas d’idées en la matière, mais nous enterrerions la Constitution. Et ce, sans aucune assurance que ces propositions puissent empêcher de nouveaux drames. En période électorale, elles répondraient essentiellement à la demande de sécurité qui s’exprime dans la société. «Le rôle des politiques n’est pas d’entériner une demande sociale mais de faire de la pédagogie, de donner un sens à ce que nous traversons», considère Michaël Fœssel.
Les tenants du tout-sécuritaire assurent qu’ils ne veulent en rien toucher à nos libertés fondamentales. Pour eux, la sécurité est la première de ces libertés.
Pas si simple, il suffit de prendre des exemples concrets pour mieux voir les limites qui ne manqueraient pas d’être franchies.
Abandonner la liberté de circulation, de réunion et de rassemblement ?
«On ne peut pas faire la guerre et faire la fête», expliquait François Fillon au lendemain de l’attentat de Nice.
Faut-il alors interdire tous les rassemblements festifs, des fêtes de Bayonne à la braderie de Lille, et placer la France dans un état de siège que réclament certains depuis vendredi avec son cortège de couvre-feu, contrôle des médias ou juridictions militaires ? 
Faut-il rétablir les contrôles aux frontières ou encore dresser des murs pour séparer les «bons Français» des autres ?
Ou encore interdire toute manifestation contre un texte de loi ?
Oublier la liberté d’expression et la vie privée ?
On se doute que les moyens de communication actuels (Internet, mobiles…) peuvent favoriser la mise en réseau de jihadistes et la propagande de leur idéologie.
Pour tarir ces sources, il faudrait pouvoir éteindre Internet : bon courage pour trouver le bouton off.
Certains pays, c’est vrai, n’hésitent pas à organiser un black-out sur leur territoire, mais ils se nomment Chine, Corée du Nord, Iran… Avons-nous envie de leur ressembler ?
Et quid de la vie privée ? Dans ce cas, autant interdire le chiffrement utilisé par certains particuliers pour des échanges confidentiels, autoriser la surveillance de l’ensemble de la communication et une validation a priori des contenus mis en ligne…
Dis comme ça, cela paraît insensé.

«Base du pire»

Alors que la religion est au cœur des débats, faut-il faire une croix sur la liberté de culte ?
La laïcité garantit la séparation des religions et de l’Etat, mais aussi l’égalité de culte à tous.
Faire l’amalgame entre la majorité des musulmans et la toute petite minorité qui prétend agir au nom de l’islam étant de plus en plus courant, certains n’hésitent pas à prôner la stigmatisation de l’ensemble de la communauté en restreignant ses droits pour mieux les encadrer( on déjà essayé avec les gitans et le résultat c'est avéré pire que le mal).
Avec, en point d’orgue, l’interdiction du voile.
Laisser tomber la liberté d’informer et de s’informer ?
Le symbole est fort : peu après le drame de Nice, et même si la concomitance des dates semble relever du hasard, l’Assemblée nationale a décidé de porter un coup à la protection des sources des journalistes, jugeant cette évolution «indispensable dans le contexte actuel».
Un contexte qui relève à l’évidence du contrôle des fuites.
Pour Michaël Fœssel, toute dérive sécuritaire «reviendrait à montrer à l’EI qu’il a en face de lui des gens aussi peu respectueux des règles démocratiques.
On ne peut pas légiférer sur la base du pire.
Aujourd’hui le monde politique ne voit pas d’autre moyen d’être à la hauteur que d’avoir un discours martial.
Alors qu’il faudrait plutôt réfléchir aux meilleurs moyens de défendre nos libertés.»
D'après un texte A Schwartbrod et D Carzon

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