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dimanche 22 mai 2016

MIGRANTS DÉJÀ



6 juillet 1938

la conférence d’Evian



Considérant que….



Le 6 juillet 1938, les délégations 
gouvernementales de 32 pays d’Europe et 
d’Amérique, ainsi que les représentants de 34 
organisations non gouvernementales se 
réunissent à Évian (France) sur les bords du lac 
Léman, afin de chercher une solution globale à 
la question des réfugiés juifs autrichiens et 
allemands.


Depuis le 12 mars 1938, date de l’entrée des troupes 
allemandes en Autriche qui prélude à l’Anschluss, la question 
est devenue plus urgente encore. Dès le 23 mars, notamment 
sous la pression de l’opinion publique, le président des 
États-Unis Franklin Roosevelt adresse un message aux 
différentes nations les invitant à se réunir pour chercher des 
solutions concrètes.



La Suisse siège de la Société Des Nations est initialement pressentie pour accueillir la conférence internationale.
Cependant, vraisemblablement par peur de déplaire à l’Allemagne hitlérienne, le gouvernement Suisse décline la proposition.
L’Allemagne n’est pas invitée, et l’Italie de Mussolini en tant qu’alliée du Reich refuse de participer à la conférence.
La promulgation en juillet 1938 des lois raciales témoigne de l’alignement de sa politique sur celle de l’Allemagne nazie[1].
La Hongrie, la Roumanie et la Pologne envoient des observateurs.
L’édition du 8 juillet 1938 du journal Le temps rappelle sans ironie que la Pologne « vivement intéressée à l’émigration de la population juive de Pologne suivra avec attention les travaux de la conférence d’Évian ».
Il est vrai que M. Beck, ministre des affaires étrangères polonais, s’est engagé depuis 1935 dans une politique qui vise à éradiquer la présence juive en Pologne.

Conscients du fait….

Quand bien même la situation des juifs autrichiens et allemands est de plus en plus désespérée, les représentants des délégations gouvernementales se succèdent au cours de ces journées de juillet pour affirmer leur implication dans le règlement de la question des réfugiés, mais se retranchent derrière des considérations économiques et politiques pour ne pas s’engager à accueillir des réfugiés juifs.
Les États-Unis maintiennent leur quota de 27 000 immigrants par an, décidé depuis 1924. Le refus d’accueillir davantage de réfugiés trouve sa justification dans les conséquences de la Grande Dépression sur le haut niveau de chômage et un fort sentiment anti-immigrants.
Le délégué américain Miron C. Taylor précise que l’objectif de sa délégation est de parvenir à la création ex nihilo d’une organisation chargée de s’occuper de la question des réfugiés, quelle que soit l’origine géographique de ceux-ci.
Les pays d’Amérique du Sud qui d’ordinaire accueillent les immigrants pour développer leur économie, sont réticents.
Certains sont confrontés à une crise économique quand d’autres se retranchent derrière des accords commerciaux avec l’Allemagne à laquelle ils craignent de déplaire en recevant des réfugiés juifs.
Les démocraties d’Europe occidentale déclarent toutes ne pouvoir aller au-delà de leurs engagements antérieurs.
M. Bérenger, qui préside la conférence et représente la France réaffirme la détermination du gouvernement français à aider les réfugiés, tout en nuançant ses propos : Si le zèle de la France à soutenir les causes humanitaires est sans limites, ses ressources ne le sont pas et sont déjà presque épuisées.
La Grande-Bretagne annihile définitivement tout espoir d’envisager à une large échelle l’installation des réfugiés en Palestine.
Quant à l’installation en Grande-Bretagne proprement dite, le représentant de la délégation rappelle que si son pays a toujours eu une politique d’accueil à l’égard des réfugiés, il n’est pas un pays d’immigration et fait face au problème du chômage.
Aussi il ajoute que pour des raisons économiques et sociales, la politique traditionnelle d’accueil des demandeurs d’asile ne peut se faire que dans d’étroites limites.
Pour autant, la Grande-Bretagne ne refuse pas de réfléchir à une installation de réfugiés juifs au Kenya…
La Belgique, le Danemark, la Suède et la Suisse déclarent être dans l’incapacité d’accueillir des réfugiés mais qu’ils sont prêts à accorder des visas de transit.
La compassion dont font preuve les pays occidentaux, et le silence assourdissant qui a suivi, sont contrebalancés par la proposition des îles Philippines sous Commonwealth américain d’autoriser la venue et l’installation de 10 000 réfugiés juifs et celle de la République dominicaine d’accueillir 100 000 réfugiés juifs. Ces propositions soulignent que le sort des juifs allemands et autrichiens interpelle au-delà de l’hémisphère ouest
L’entrée en guerre des Etats-Unis après l’attaque japonaise de Pearl Harbour en décembre 1941 met un terme au projet.

Conclusion

La conférence internationale d’Evian se referme le 15 juillet 1938.
Aucun pays n’a accepté de remettre en question sa politique d’accueil et d’ouvrir davantage ses frontières.
Bien au contraire, les textes, décrets, réglementations vont se multiplier, rendant impossible des espoirs d’immigration, hormis quelques trop rares cas.
La conférence a permis néanmoins la création d’un comité intergouvernemental des réfugiés (CIR), chargé de continuer et d’étendre le travail de la conférence internationale d’Evian.
Selon les termes de la résolution prise le 13 juillet, le CIR « doit entamer des négociations pour améliorer les conditions actuelles de l’exode et les remplacer par des conditions d’émigration en bon ordre », c’est-à-dire que les juifs allemands et autrichiens soient autorisés à quitter leur pays avec leurs biens.
Le plus, le CIR « entreprendra des démarches auprès des gouvernements des pays de refuge et d’installation en vue de développer les conditions d’installation permanente. »
Le manque de moyens financiers, des pouvoirs limités, l’absence de soutien de la part des pays membres n’ont pas permis que le CIR parvienne à trouver des pays d’accueil aux dizaines de milliers de réfugiés juifs. L’entrée en guerre en septembre 1939 a mis un terme à tous ses efforts.
L’échec de la conférence internationale d’Evian est perçu par les nazis comme l’accord tacite des Etats présents à les laisser décider du sort des juifs comme ils l’entendent. le Danziger verposten constate : « La conférence est donc une justification de la politique allemande contre les juifs .
On est en droit de se demander si l’échec de la conférence d’Evian n’a pas fait prendre conscience aux dirigeants nazis qu’aucun pays n’interviendrait lorsqu’ils décideraient de procéder radicalement à la libération du Reich allemand de toute présence juive.






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