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samedi 28 mai 2016

Indignation de Jean DANIEL



La tribune publiée par des 

intellectuels dans Libération est un 

«procès aberrant»

Cette insoutenable légèreté des calomniateurs de l'Obs



Il m’aura donc été donné de voir l’honneur du «Nouvel Observateur», devenu l’Obs, magazine que j’ai co-fondé, mis en cause par une quarantaine de représentants d’un « prêt à penser » d’inquisition .



Je suis consterné par les romans bâtis par ces pétitionnaires sur les motivations soi-disant politiques du renvoi de notre consœur Aude Lancelin, dont j’ai publiquement regretté le procédé.
Mais s’il est une mission que je suis fier d’avoir mené à bien, c’est celle d’avoir veillé à la fidélité à nos principes, à nos engagements, à notre indépendance.
Il m’est arrivé bien sûr d’être en désaccord avec une tribune ou un point de vue publié dans l’Obs, j’ai alors fait en sorte, dans mes éditoriaux, de préciser ma position.
Et j’ai salué auprès des directeurs du journal la multiplicité des points de vue exprimés.



Le procès que l’on nous fait est aberrant et les universitaires qui viennent de lui apporter un appui ont cédé aux thèses complotistes dont on fait les romans.
Tout cela n’aide pas Aude Lancelin.
Car en fait, ce procédé souligne le caractère sectaire et militant de ses inspirateurs.
Un militantisme dont personne jusqu’ici n’avait encore accusé notre consœur.
Il est important de savoir qu’auprès de moi, Matthieu Croissandeau n’a jamais argué de différences idéologiques avec Aude pour expliquer les désaccords profonds qui ont fini par le conduire à se séparer d’elle.
Et dire que je me trouve, parce que certains aspirent à ternir l’image du journal que j’ai fondé, dans la pénible obligation d’avoir à formuler des évidences…
Les «fins limiers» qui ont reconstitué la soi-disant cabale ourdie contre notre consœur n’auront eu ni l’honnêteté, ni la patience de se souvenir ou de se renseigner sur les rapports que le Nouvel Obs a entretenus avec toutes les gauches.
À ceux qui aiment la vie des idées, je dirai que ce rapport est passionnant. Il faut se pencher, entre autres, sur les textes du critique littéraire Didier Eribon, ancien journaliste à l’Obs et ami comme moi de Michel Foucault, ou sur ceux du philosophe Andre Gorz (alias Michel Bosquet) et cofondateur du Nouvel Observateur pour le comprendre.
Dans le cas de Michel Bosquet, je demandais régulièrement à ce prince du gauchisme international de rendre plus régulière sa collaboration dans nos pages.
Pour que tous les courants de la gauche y soient représentés : sans l’expression de ce qu’on appelait alors la maladie de jeunesse du socialisme, il nous paraissait que nos prises de positions n’étaient pas complètes et que notre pensée restait inachevée.
André Gorz, dans des entretiens à France Culture, avait eu l’indulgence de se souvenir que je lui avais laissé la latitude de bousculer la ligne éditoriale du journal, aussi souple fut-elle : «Il m’a laissé mener mon cirque contestataire… et assez de champ pour que je puisse me reconnaître dans ce que j’écrivais.
Je ne dis pas qu’il a toujours été heureux de ce que je faisais…» Je reste fidèle à mes principes. Et je me suis assuré que la décision prise par Matthieu Croissandeau de se priver d’une collaboratrice qu’il avait nommée à son poste, n’avait aucune motivation politique et qu'elle n’était en rien dictée par la triste défense d’un gouvernement aux abois.
La conclusion que j’ai pu tirer de mon enquête, c’est que les signataires de cette pétition contre l’Obs, représentants d’une gauche en guerre et jusqu’au-boutiste, veulent instrumentaliser Aude Lancelin.
Ils se sont gravement trompés d’ennemis. Gravement.

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