Alain
Rey
Étés-vous
constamment attentif
aux fautes de français,
aux fautes
d'orthographe?
Oui et non.
J'entends
les fautes parce que je connais les
règles, mais
je n'ai pas la notion de la faute
qu'ont les professeurs.
Leur
métier, c'est de garder une norme pour transmettre
la langue, pour
sa survie à long terme.
Mais
parler de faute est déjà un choix, ce n'est jamais qu'un écart par
rapport à la norme sociale.
Il
y a une formule que j'adore, mais qui fait bondir les pédagogues :
"la faute d'aujourd'hui est la norme de demain".
Les
fautes de l'ancien Français sont devenues les règles, sans quoi le
français n'aurait pas évolué par rapport au latin.
Quand
une langue est écrite, elle acquiert une solidité et une
résistance, mais en même temps, elle se durcit par rapport à
l'oral.
On
perd la spontanéité et la musique d'une langue quand on l'écrit.
l'orthographe, qui sévissent sur Internet
notamment?
Ceux qui m'énervent, ce sont les puristes qui ne connaissent rien à l'histoire des mots.
D'autres sont des partisans de l'analogie, qui cherchent à normaliser à tout prix.
Ça peut être légitime dans certains cas.
Mais l'histoire est une leçon d'irrégularité.
Alain
Rey 87 ans, le linguiste et lexicographe est une figure emblématique
de la rédaction des dictionnaires Le Robert et le président du jury
du Festival du mot.
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