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mercredi 10 juin 2015

A qui faut-il imputer cette crise française?




QUESTION A PYKETTI

La gauche est accusée d’avoir lâché les classes populaires, le FN serait en train de les récupérer… ?


L’Europe s’est construite sur l’idée d’une mise 
en concurrence généralisée entre les pays, entre
 les régions, entre les groupes mobiles et les 
groupes moins mobiles, sans contrepartie
 sociale ou fiscale. 
 
Cela n’a fait qu’exacerber des tendances 
inégalitaires liées à la mondialisation, à l’excès

de dérégulation financière. 
 
Des économistes, des intellectuels, des hommes
 et des femmes politiques disent aujourd’hui 
qu’il faut sortir de l’Europe.
 
Y compris à gauche, où l’on entend :
 «N’abandonnons pas la question de la sortie de 
l’euro, voire de l’Europe, à Marine Le Pen, il 
faut poser la question.» 
 
Ce débat est légitime et ne pourra pas être 
éludé indéfiniment.

Ce chantage à la sortie de l’euro serait-il efficace ?



Il est temps que la France, et en particulier la gauche française, dise à l’Allemagne : si vous refusez la règle de la démocratie dans la zone euro, à quoi ça sert d’avoir une monnaie ensemble ?
On ne peut pas avoir une monnaie unique sans faire confiance à la démocratie, qui est aujourd’hui corsetée par des critères budgétaires rigides et par la règle de l’unanimité sur les questions fiscales.
La force des classes populaires, c’est d’être nombreux : il faut donc changer les institutions pour permettre à des majorités populaires de prendre le pouvoir en Europe. Il faut arrêter de fonctionner avec cette espèce de directoire franco-allemand dans lequel Paris joue un rôle étrange.
On a l’impression que la France ne peut décider de rien, alors qu’en vérité, rien ne peut se décider sans elle.
Si on mettait ensemble nos parlements nationaux pour construire une véritable chambre parlementaire de la zone euro, chacun envoyant un nombre de représentants au prorata de sa population, je suis certain que nous aurions eu moins d’austérité, plus de croissance et moins de chômage.
Cette Chambre parlementaire serait responsable pour décider démocratiquement du niveau de déficit et d’investissement public, ainsi que pour superviser la Banque centrale européenne, l’union bancaire et le Mécanisme européen de stabilité.
Bien sûr, l’Allemagne aurait peur d’être mise en minorité dans une telle instance. Mais si la France, l’Italie, la Grèce, demain l’Espagne, faisaient une telle proposition de refondation démocratique et sociale de l’Europe, l’Allemagne ne pourrait s’y opposer indéfiniment.
Et si elle s’y opposait, alors le discours en faveur de la sortie de l’euro deviendrait irrésistible. Mais pour l’instant, il n’y a rien sur la table.
Pour vous, une politique de gauche passe par l’Europe, mais aussi par la France…
Il faut se battre pour changer l’Europe.
Mais cela ne doit pas empêcher de mener en France les réformes de progrès social que nous pouvons conduire tout seuls.
Nous pouvons engager en France une réforme fiscale de gauche, mais là, on a très mal commencé en votant, fin 2012, une augmentation de la TVA, alors même que le Parti socialiste n’a cessé de dire, quand il était dans l’opposition, que l’augmentation de la TVA est la pire des solutions.
Le financement de notre protection sociale repose trop fortement sur les salaires du secteur privé.
Pour la droite, la bonne solution est d’augmenter indéfiniment la TVA, qui est l’impôt le plus injuste.
L’alternative de gauche est de financer notre modèle social par un impôt progressif pesant sur tous les revenus (salaires du privé, salaires du public, pensions de retraites, revenus du patrimoine), avec un taux qui dépend du revenu global.
Contrairement à ce que l’on entend parfois, la CSG progressive est parfaitement constitutionnelle : elle existe déjà pour les retraités, et peut être étendue dans les mêmes conditions aux salaires et aux autres revenus.
Autre réforme de gauche : les retraites. Notre système est extrêmement complexe avec des dizaines de caisse de retraite qui font que les jeunes générations ne comprennent rien à ce que seront leurs droits futurs.
Une réforme de gauche, une réforme progressiste sur les retraites serait d’unifier, pour les jeunes générations, pas pour ceux qui s’apprêtent à partir à la retraite, tous les régimes publics, privés, non salariés, avec une même cotisation pour toutes ces activités et des droits identiques.
Une politique de gauche consisterait à refonder un régime de retraite universel où ce sont les systèmes qui s’adaptent aux trajectoires professionnelles des personnes et pas l’inverse.
Dans tous ces domaines, le gouvernement est à des années-lumière d’engager la moindre réforme.
Quand est-ce que vous devenez ministre de l’Economie ?
Je n’ai aucun goût pour les petits fours.
Ce qui me semble plus intéressant, c’est de contribuer, à la place qui est la mienne, de faire bouger l’opinion dominante en participant au débat public.
C’est comme ça que les choses changent.
La politique ne devrait pas être un métier. On en paie aujourd’hui les conséquences. Nous sommes gouvernés par des personnes qui confondent la rhétorique et la réalité.




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