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samedi 1 décembre 2012

Comment les Allemands font-ils?


Entre les dépenses publiques allemandes et françaises,
il y a aujourd'hui un écart de 8,7 points de PIB.




Les dépenses publiques sont en hausse partout
La plupart des économies industrielles ont enregistré un tel mouvement, et dans des proportions équivalentes.
En Allemagne, la crise a provoqué 4,4 points de dépense en plus.

Les statistiques européennes permettent d'analyser les origines du différentiel croissant entre la France et l'Allemagne, qui est passé de 5 points en 2002 à 8,7 points en 2010. Peut-on l'attribuer à des gaspillages, à l'inflation galopante dans l'administration « administrante » française, les fameux ronds de cuir ? C'est ce qu'Eurostat nomme dans son jargon les « services généraux ». 
 
En 2002, leur poids était supérieur de 1 point de PIB à celui constaté Outre-Rhin.
En 2010, l'écart est de... 0,2 point. 
 
La différence franco-allemande s'est donc réduite sur la période, et on ne peut attribuer sérieusement à la multiplication des rond de cuirs le creusement de l'écart franco-allemand.

Alors ? C'est, en premier lieu, du côté de la protection sociale qu'il faut aller voir.
Le premier facteur de hausse de la dépense en France, sur la période, c'est le papy boom. 
 
Les retraites publiques, qui représentaient 10,9% du PIB français en 2002, ont vu leur poids grimper à 13,5%, non pas en raison d'une amélioration du sort des retraités, mais simplement parce que leur nombre s'accroît chaque année.
Le constat financier est radicalement différent en Allemagne. Les dépenses « vieillesse » ont simplement stagné, à 9,9% du PIB. Du coup, ce poste de dépenses explique à lui seul 2,6 points d'écart supplémentaire sur la période, entre les deux pays (sur un total de 3,7 point d'accroissement du différentiel).
Comment nos voisins, dont la population vieillit aussi, bien évidemment, sont-ils parvenus à cette stabilité ? Les réformes Schröder y ont largement contribué.
En Allemagne, les retraites privées se sont substituées progressivement à celles versées par le secteur public. Par définition, ces retraites privées, pour lesquelles les entreprises ou les particuliers paient cher, ne sont pas comptabilisées dans la dépense publique.


Aujourd'hui, il n'est pas possible de partir en retraite en Allemagne avec la seule pension versée par l'Etat.

En 2010, le différentiel de dépense de retraite entre les deux pays atteint donc 3,6 points de PIB. Il explique à lui seul plus de 40% de l'écart de dépense publique globale entre les deux rives du Rhin.


C'est un autre poste lié à la protection sociale qui contribue le plus au « gap » croissant entre les deux pays : la santé. La différence entre les deux pays était de 0,5 point en 2002, elle atteint désormais 1 point de PIB. L'assurance maladie représente 7,2% du PIB en Allemagne, et 8,2% en France. 

 
Un moindre prix des médicaments et notre papy-boom contribue à ce surcoût en France. Mais aussi des réformes qui ont amené le secteur public à se désengager, Outre Rhin, plus que dans l'Hexagone.

La politique du logement explique elle aussi que la France dépense plus. La dépense est limitée à 0,7 point de PIB en Allemagne (1 millions de logement sont vides), elle atteint 2% en France, en forte hausse au cours des années 2000.


L'écart croissant (+3,7 points) entre les dépenses en France et en Allemagne tient donc largement à la protection sociale, au sens large (retraites, santé, lutte contre la pauvreté, logement...).

Il existe d'autres différences entre les deux systèmes publics. Mais celles-ci n'ont pas bougé entre 2002 et 2010. S'il y a seulement 47,9% de dépenses publiques en Allemagne, et non 56,6% comme de ce côté du Rhin, c'est aussi parce que l'enseignement y coûte moins cher (1,8 point de différence). Cela tient notamment à la quasi absence de classes maternelles en Allemagne. 
 
Il faut noter aussi la modestie de de la politique familiale allemande (ce qui permet d'économiser 0,9 point de PIB).

Et, bien sûr, ceci est lié à leur histoire, nos voisins dépensent moins pour leur Défense (1 point de PIB de différence).


L'écart entre les deux pays ne s'explique donc pas par une gestion particulièrement rigoureuse en Allemagne, qui s'opposerait à une gabegie française. Les gaspillages existent sans doute des deux côtés du Rhin.


Le différentiel franco-allemand se résume d'abord est avant tout a un choix de société.



d'aprèt un texte de Ivan Best

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