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mardi 11 septembre 2012

Les militants PS s'interrogent

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 sur leur rôle après la victoire.




On claquent la bise au sexe dit faible, c'est rituel. C’est la rentrée. Il est 20h30, un soir de septembre. La réunion de leur section PS va commencer. Ils badinent, s’attardent un peu, le sourire aux lèvres. C’est bon la victoire.
Cette année, ils ont participé à la primaire, transpiré, fait du porte-à-porte, distribué des tracts, fait les marchés, recraché le programme de François Hollande. Et gagné. Aujourd’hui, les militants socialistes s’interrogent sur leur utilité. Et sur leur rôle. Ils n’ont ni envie de tirer au canon sur le gouvernement, ni de se transformer en béni-oui-oui. Difficile équilibre. «On est un peu désarmés, confie le secrétaire de la section, on oscille entre le soutien et l’autonomie.»

Un congrès, à quoi ça sert

 

A l’intérieur, les voilà sages. Disciplinés. Ils sont une cinquantaine à écouter Fabrice, un militant lancé dans une explication très pédago sur «le congrès». Il faut dire qu’un congrès socialiste, avant d’avoir baigné dedans, on se demande comment ça marche et à quoi ça sert, à part s’entre-déchirer...

A cet égard la présentation n'élude pas les heures les moins glorieuses du PS. «En 2008, après le congrès de Reims, tout le monde se souvient du deuxième tour, où Martine Aubry a obtenu 50,04%», dit un militant, d’un air entendu. Silence dans la salle. Personne n’a envie de revivre ce moment.

Le PS s’apprête à se doter d’un nouveau premier secrétaire, selon des nouvelles règles de désignation qui favoriseront le premier signataire de la «motion de rassemblement» – élaborée par Martine Aubry avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault – et dont on connaîtra le nom dès ce mardi, date limite de dépôt des motions. «Un processus nord-coréen», a tonné Jean-Jack Queyranne, le président socialiste de la région Rhône-Alpes. Les militants se sentent-ils dépossédés? L’un d’eux s’en attriste: «Notre parti a eu l’audace de confier à trois millions de personnes la désignation de son candidat à la présidence de la République et là, ils seront trois personnes pour le choix du premier secrétaire.»

«Une opération de rétropédalage invraisemblable»

 

Chargé de l’accueil des nouveaux adhérents, Arnaud lance la discussion: «Qu’attendez-vous de ce congrès, dans le cadre d’une victoire?» Philippe est un vieux routier. Avisé: «J’attends qu’il n’y ait pas de bêtises. Ou pas trop. On devrait discuter du traité européen ou de la réforme fiscale, et on ne va parler que de cuisine.» Le mode de désignation du successeur d’Aubry privilégie le conclave au détriment du suffrage. Cela l’horripile: «Une opération de rétropédalage invraisemblable après l’avancée des primaires citoyennes.» Mais il se garde de citer Jean-Christophe Cambadélis ou Harlem Désir, candidats à la succession. Personne, d’ailleurs ne prononcera leur nom. Comme si ça brûlait. «C’est un peu tabou, depuis Reims, on ne veut pas parler des personnes», explique une militante, en aparté.

«Il faut être bon camarade mais j’aurais aimé des gens plus jeunes, plus neufs... et qu’on nous demande notre avis, poursuit Philippe. Pourquoi on demanderait l’avis des militants quand on n’est pas au pouvoir, mais pas quand on y est?» Là, il fait mouche. Fabrice, le spécialiste ès-congrès, embraye: «Pour moi, s’il y a plusieurs motions, il doit y avoir plusieurs candidats. Aujourd’hui, notre rôle ce n’est pas seulement de défendre les 60 propositions de François Hollande. Le PS doit être une boîte à idées. Aux affaires, ils ont la tête dans le guidon; c’est à nous de faire des propositions. Six mois après la victoire, il faut passer à l’offensive et préparer la suite.»

«C’est tout l’intérêt de continuer à militer... quand on est au pouvoir», pense aussi Julie qui en est à son quatrième congrès: «En section on n’est pas toujours fiers de ce qui est dit de nous à l’extérieur.» «On n’est pas des anges naïfs, nous aussi cela nous intéresse les coulisses, mais soyons impliqués et sérieux, lisons les textes des contributions, et parlons du fond», préconise-t-elle.

«On n’est pas juste des moines soldats»

 

Du fond, en voilà. Des militants présentent tour à tour neuf contributions déposées en vue du congrès. On entend «rénovation», «fin du cumuls des mandats», «parité» mais aussi, «croissance», «Europe», «jeunesse». La jeune femme qui présente la motion voulue par Jean-Marc Ayrault et Martine Aubry plaide sans surprise pour l’unité: «Tous derrière le gouvernement.» Un autre, réagit : «On n’est pas juste des moines soldats, des godillots.» Porteur d’une contribution, il s'étonne de ne pas avoir été contacté par ceux qui veulent le rassemblement le plus large. Et doute: «Sinon, comment se fera la synthèse?»


D'après CHARLOTTE ROTMAN

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