La croissance allemande n'est pas
garantie et montre des signes de faiblesses. «La croissance de
l'Allemagne ne peut venir que des exportations, dont 60% vont vers
les autres pays européens. Une crise économique durable des
partenaires économiques conduirait à une situation très difficile
en Allemagne aussi, ce qui est le scénario le plus probable et
qu'annoncent les derniers indicateurs», selon Patrick Artus chez
Natixis. avec une progression du PIB de
seulement 0,5 % au troisième trimestre et il n'est pas exclu que le
PIB recule au quatrième trimestre. En France, la croissance devrait
être nulle au quatrième trimestre, selon la Banque de France.
La convergence fiscale vers
l'Allemagne est le leitmotiv
des dirigeants français.
Pourtant, la situation fiscale allemande n'est pas très différente
de celle de la France. L'imposition sur les sociétés est de 33% en
France, de 29,83% outre-Rhin. En 2009, le taux d'imposition des
sociétés était encore de 39%, c'est-à-dire le taux le plus élevé
d'Europe. En ce qui concerne les PME, le taux d'imposition est de 15%
en France, contre 20% en Allemagne. Pour les particuliers, le taux
d'imposition maximum atteignait les 42% en Allemagne, un taux qui va
baisser avec l'allègement fiscal de 6 milliards votés il y a un
mois.
L'explication classique donnée à la
crainte des Allemands de voir le retour de l'inflation est «le
traumatisme de l'hyperinflation» de 1923. Ce refus de l'inflation
est pourtant pragmatique. Les ménages allemands épargnent
plus que les ménages français, 17,4%
de leurs revenus contre 15,26%. Outre-Rhin, la retraite privée par
capitalisation est soutenue par l'état, et garantit une rente aux
retraités. L'État ne finance que la retraite des plus pauvres. Les
Allemands vieillissants sont encouragés à épargner pour les aider
lorsqu'ils seront dépendants. C'est pour protéger cette épargne
que Berlin a peur de l'inflation, qui obérerait le pouvoir d'achat
des épargnants. Sur les six derniers mois, l'inflation en Allemagne
a dépassé les 2,4%, atteignant même 2,6% en septembre sur un an.
La dette allemande est la plus élevée
de tous les pays européens. Avec 1700 milliards d'euros, elle
représentait 83,2% du PIB début 2011, plus que les 60% autorisés
par le traité de Maastricht. Même si les recettes fiscales ont
augmenté plus vite que prévu et que le déficit public est
maîtrisé, les perspectives d'évolution du poids de la dette ne
sont pas bonnes : «Un taux d'endettement public supérieur à 60% du
PIB pendant de nombreuses années» se profile , et ce même sans une
aggravation de la crise de la dette publique en zone euro,
s'inquiétait la Bundesbank.
L’Allemagne n'est pas le modèle qu'elle
clame être, soulignait le
magazine allemand Spiegel
: «Les Pays-Bas (64,2%) ou la
Finlande (49%) ont plus le droit à se présenter comme le champion
de discipline.»
En 2012, l'Allemagne fera 26 milliards de nouvelles
dettes, a annoncé le ministre des Finances. Le montant de la dette
allemande inquiète le président de l’Euro-zone Jean-Claude Juncker :
«L'endettement de l'Allemagne est plus élevé que celui de
l'Espagne (69,6%). Seulement, ici personne ne veut le savoir»,
a-t-il déclaré à Berlin le 16 novembre.
L'apprentissage est un des piliers de
l'enseignement supérieur outre-Rhin. Mais seuls 2/3 des adolescents
sont concernés : ceux qui choisissent l'Université ne font pas
d'apprentissage. Parmi ceux qui sont dans la filière
professionnelle, 54% trouvent une place en entreprise comme apprenti.
16% décident de reprendre des études, 5% commencent un emploi non
qualifié. 18% d'entre eux sortent de tout système scolaire entre
l'âge de 16 et 18 ans. Ces jeunes adultes n'ont qu'un équivalent
brevet. C'est un paradoxe : les entreprises, confrontées au
vieillissement rapide de la population, cherchent des apprentis, mais
ces jeunes, mal formés dans les collèges professionnels où ils ont
été orientés à l'âge de 11 ans, ne correspondent pas aux
critères des recruteurs. Les apprentis constituent une catégorie
sous payés : une apprenti coiffeuse gagne moins de 300 euros par
mois. Le salaire moyen d'un apprenti allemand est de 600 euros par
mois. En France,
le salaire d'un apprenti varie de 341,25
euros (la première année de formation pour les moins de 18 ans) à
1064,70 euros (troisième année pour les plus de 21 ans).
Le chômage allemand a baissé en
Allemagne, revenant de 9,5% en 2005 à 6,5%. Si la croissance a aidé
à la création d'emploi, ce taux de chômage cache aussi un système
qui a recours au travail à temps partiel et aux «mini-jobs». «Le
rebond de l'emploi a été accompagné par un accroissement du poids
des services, qui utilise plus de temps partiel et payent ses
employés moins que le secteur industriel», analyse la BNP.
L'absence de salaires minimum dans le secteur des services permet aux
employeurs de payer les travailleurs moins de 5 euros de l'heure.
Selon l'institut du travail de Duisbourg,
l'Allemagne
compte 6,5
millions
de salariés pauvres,
qui touchent moins de 10 euros de l'heure. Deux millions de personnes
perçoivent un salaire inférieur à 4 euros de l'heure, soit 720
euros par mois pour un emploi à temps plein.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire